Périple au Pérou

Ce voyage est né d'une envie de revenir sur des lieux que j'avais des années auparavant traversées de manière furtive. Cela m'avait laissé un sentiment de manque. Et puis pourquoi chercher des justifications. Et si cet argument n'était qu'un alibi. Je pars tout simplement pour partir sans but précis. Pour être ailleurs.

Au gré du voyage et des humeurs, je laisserai ci-dessous quelques notes si j'ai le courage de m'y tenir.

  1. Caminando
  2. Un matin à Lima
  3. Un billet pas très doux
  4. En passant au marché...

Vignette caminandoCliquez sur la vignette pour écouter la chanson sur ma chaine Youtube.

 Chanson : Caminando - Victor Jara

J'ai traduit cette chanson de manière très libre. Voir plus bas.

Est-ce que nous voyageons encore ? Tout a été exploré et depuis la télévison et l'explosion des "réseaux sociaux" le monde est dorénavant peuplé d'images qui nous sont familières, d'autant plus qu'avec l'avion les choses sont à quelques heures d'où nous habitons. Le monde est devenu un gigantesque chez soi. Alors, si le voyage est une indispensable inutilité, ne nous reste-il plus qu'à voyager en imagination ? Tout compte fait, nous ne partons peut-être que par manque d'imagination ?

Caminando, caminando
Je voyage, je voyageVoy buscando libertad
Je cherche la libertéOjalá encuentre camino
Il faut que que je trouve le cheminPara seguir caminando
Pour pouvoir continuer.
Ojalá encuentre caminoPara seguir caminando
 
Es difícil encontrar
Il est difficile à trouverEn la sombra claridad
Dans ce clair-obscurCuando el sol que nos alumbra
Quand le soleil qui nous éclaireDescolora la verdad
Décolore la véritéCuando el sol que nos alumbraDescolora la verdad
 
Cuánto tiempo estoy llegando
Quand verrais-je la fin ?Desde cuándo me habré ido
Depuis combien de temps, je marche ?Cuánto tiempo caminando
Combien de temps encore ?Desde cuándo caminando
Depuis quand je marche ?Cuánto tiempo caminandoDesde cuándo caminando

Je suis arrivé à Lima vers 5h30 (heure locale). Le taxi qui m'a emmené jusqu'à la gare des bus, en parcourant Lima, a fait revivre en moi des images anciennes. En sortant de l'aéroport, on comprend tout de suite que l'on est en Amérique du Sud. Normal, me direz-vous, puisqu'on est à Lima. Le bruit, les rues et les trottoirs défoncés, la circulation et puis la manière de circuler. Ici, il semble qu'il n'y ait aucune règle. La priorité aux piétons et aux vélos (de toute façon, il y en a peu. On comprend vite pourquoi) n'est pas ici la priorité. On conduit au klaxon. Pour changer de file, c'est la loi du plus fort. Les rues sont jonchées de papiers et autres déchets. Le tri sélectif... 

Mais, voilà, il y a surement une pointe de liberté derrière ce laisser-aller. Enfin, ce que nous appelons le laisser-aller. Et puis, avec leur conduite, il ne parait pas y avoir plus d'accidents qu'ailleurs. Enfin, pour ce que j'ai vu. Mais d'autres voyages m'avaient laissé cette impression. Ceci dit, je ne voudrais pas conduire dans les axes encombrés de la ville. On vous force le passage, on vous klaxonne. C'est admis par tout le monde. Si vous le faites, personne ne vous le reproche.

J'attends le bus pour Cuzco. 20 heures de trajet. A Lima, il fait très chaud. Demain, je pense que la température sera plus basse.

Commençons par le positif. Un voyage est fait pour faire des rencontres. Ce matin, j'ai déjeuné avec une Chinoise. Nos échanges ont été succincts, car elle ne parlait qu'anglais et moi très peu. Ensuite, pour aller prendre un bus, j'ai fait la rencontre d'une Suissessse de Zurich qui ne parlait pas français, mais espagnol. Ça allait mieux. Nous avons pu échanger. Elle vivait au Pérou depuis un an et demi. Et puis, j'ai aussi fait la rencontre à l'hotêl d'un Péruvien qui vivait en Israël et parlait très bien français. En Irsaël, il avait ouvert une agence de voyage. Et bien sûr, le tourisme, tous ces temps... Et en redescendant à pied, de ma visite de quatre sites Incas, j'ai marché avec un Québécois qui parlait français, bien évidemment.

Mais, voilà ! Durant la visite des sites, je me suis trouvé parfois avec un flot de touristes qui s'était attaché les services d'un guide. Et pendant que celui-ci donnait des explications, un bon nombre d'entre eux consultaient leur téléphone. Ça m'a un peu énervé, mais, je vous rassure, ça n'a pas gâché ma journée. Loin de là. J'ai simplement repensé à Einstein qui avait dit en son temps. Je cite de mémoire : " L'univers et la connerie humaise son infini " et avait ajouté : " Pour l'univers, je ne suis pas bien sur ".

Aujourd’hui, je suis et pour plusieurs jours, dans un village nommé, Chinchero à une heure et demie de bus de Cusco dans ce que l’on nomme la Vallée sacrée des Incas. 

Ce matin, je suis allé faire un tour sur un marché local à quelques kilomètres. Marché aux animaux, alimentaire, bazar, textile. J’adore les marchés andins pour ses odeurs, ses couleurs et pour cette foule bruyante et bon enfant. Et puis, aussi parce qu’ils n’ont pas grand-chose de commun avec les nôtres. C’est un dépaysement complet. Ici, les règles  de sécurité alimentaire passent un peu de côté. La réglementation de la vente d’animaux vivants ne semble pas aussi stricte que dans nos contrées. Et en plus, on peut y manger à toute heure. Rien n’est figé comme chez nous où le service se fait à heures régulières et où on vous fait la gueule si vous arrivez trop. C’est vrai aussi pour les restaurants en général dans les villes.

Le Pérou n’est pas un pays pauvre, même si, me semble-t-il ,une grande partie des Péruviens de cette région, pour le moins, sont de conditions plus modestes que dans nos régions. Soit dit, en passant, j’ai remarqué que le nombre de mendiants à Cusco est beaucoup moins important que dans notre si belle ville d’Annecy au lac si reluisant.

Les Péruviens ont, pour ce que je constate, un niveau et un cadre de vie moins élevés que le nôtre. Dans les villages, les rues et les trottoirs sont souvent défoncés, les parcs et jardins pas très jolis et parfois mal entretenus, les ordures le long des rues pas toujours bien ramassées. Les maisons ne sont pas construites de façon harmonieuse selon un plan d’urbanisme. Souvent, elles ne sont même jamais finies ce qui choque l’esthétique dont nous sommes habitués, et plein de choses encore différentes de chez nous. Les Péruviens, je le disais, ont un niveau de vie moins élevé que le notre mais, sont-ils moins heureux pour autant. Je me garderais bien de donner un réponse définitive et péremptoire.

Mais peut-être ont-ils plus de marge de manoeuvre ? Plus de liberté que chez avec moins de règles contraignantes.

La liberté, bien sûr, doit être canalisée par des normes, sinon c’est la jungle. Mais à force d’édicter, comme chez nous, des prescriptions contraignantes qui restreignent notre liberté (la liste serait trop longue à faire) est-ce que nous n’allons finir par vivre dans un zoo ?

Voilà une réflexion née de mon voyage.