Délivrance
Révolte, voici mes larmes, voici mes pleurs.
Délivre moi du bien, poète, je t’implore.
Tu connus l’opprobre et l’humiliation,
Fais moi partager tes illuminations.
Et pour la liberté et par la solitude,
J’ai arraché de moi leurs pales certitudes,
Idées biens pensantes qui partout prolifèrent.
Et je partis pour une saison en enfer.
Rêveur impénitent allongé sur la berge,
Je cherchais l’étoile que la folie héberge.
Ivre de l’errance, le bateau que je pris,
Dériva sur les désordres de mon esprit.
Plongeons dans l’inconscient, nuit originelle,
Utopie, hors du temps, émotions charnelles,
Vision d’un visage, tourments affectifs,
Transport dans l’abime des élans primitifs
Fantôme d’Ophélie traversant sa romance,
Berçant sa passion d’un parfum de démence.
Vomissant les relents de leurs pensées funèbres,
Survint la lumière, déchirant mes ténèbres.
Je me suis délivré de ce qui asservie,
J’avais quinze ans pas plus, tu m’as sauvé la vie.
Tu m’as donné le souffle, tu m’as pris la main.
Tu m’as aidé à vivre au moins jusqu’à demain.
Je n’étais pas comme eux, je n’étais pas commun.
Ils étaient si nombreux et moi je n’étais qu’un.
Et si j’ai malgré moi du entrer dans la danse,
J’ai malgré tout vécu en gardant ma cadence.
Ma jeunesse est passée. Ton empreinte est restée.
Je suis toujours pareil, je peux en attester.
Je pense avec doute mais toujours sans censure
Quelque soit le propos, quelque soit la blessure.
La révolte renait, soubresaut de la chair
Que la pensée anime, ultimes surenchères.
Digressions brésiliennes
Digressions brésiliennes.
Les souvenirs reviennent,
Sentiments taciturnes,
Mélancolie ancienne
Dans des vapeurs nocturnes
————————————-
Assis au bord du fleuve
Respirant ses effluves
Dont mon esprit s’abreuve
Dans cette morne étuve,
La nuit vient me bercer
D’un air de déviance.
Je me laisse porter
Quittant mes apparences.
J'arrache mes liens
De moi-même, je fuis,
Dans la nuit, redeviens
Ma foi, ce que je suis,
N’aurais du cessé d’être,
Solitaire et sauvage,
Une ombre à la fenêtre
Qui est là de passage.
Du ventre de ma mère
Je m’affranchis. J’avoue,
Je suis venu sur terre
Sans avoir rendez-vous.
Je suis toujours ailleurs.
C’est là que je réside,
Egaré et rêveur,
Dans le vent et le vide.
J’ai quitté le rivage
En effaçant mes traces.
Chimérique voyage,
Dans le temps, dans l’espace.
——————————————-
Fardée, mystérieuse,
Innocente, effrayante,
Paisible ou dangereuse,
La nuit est attirante.
Elle est la galaxie
De nos espoirs déçues.
Berce nos insomnies
D’espérances perdues.
Toujours, elle illumine
Avec archarnement,
L’étrange pantomine
De nos déchantements.
L’obscurité enivre,
Anesthésie les sens,
Guérie du mal de vivre,
Me ramène à l’enfance.
Mes fantômes paraissent
Sans y être invités
Convoquant la détresse
D’un rêve ensanglantée.
La nuit c'est le royaume
Du crime et du désir.
On y chante le psaume
Des anges, des vampires.
C’est le temps du complot
Et celui des complaintes
Quand couve le brulot
Quand gémissent les plaintes.
Au brouillard de l’alcool
La nuit, qui étincelle,
Libère la parole
Indocile et rebelle.
Et elle nous délie
De nos vains préjugés
Pour coucher dans le lit
Des pensées censurées,
Défait la dictature
Des phrases convenues
Pour prendre les allures
De discours vrais et nus.
Cesse la comédie
Des amours hypocrites,
Trahisons et non-dits
Où le malheur m’invite.
Dans mes pensées intimes,
J’ai côtoyé l’infâme,
La destinée infime
De l’homme et de la femme.
Et la nuit me dévoile,
Un étonnant secret,
Ecrit dans les étoiles
Qui dis ce que tu es :
Le poison et le miel,
Le remède et le mal,
Le sucré et le fiel,
Caressante et brutale.
—————————————
J’ai fait mon univers
D’un récit inventé.
C’est dans l’imaginaire
Qu’éclot la vérité.
Au flirt de l’irréel
Et d’un monde sensible,
Les songes nous révèlent
Un présent invisible.
Amnésie du réel,
Utopies, artifices,
Récits intemporelles,
Retour d’un précipice.
Passé, présent, futur,
Indicible mélange
Où se joue la capture
De ces mondes étranges.
Le passé est présent,
Le futur déjà là.
Tout s’échappe du temps.
Le temps n’existe pas
Quand l’univers quantique,
Théories, théorèmes,
Déclame le cantique
Des astres, du poème.
Je ne suis déjà plus,
Le monde est trop pesant.
Vivre ne suffit plus.
C’est en vain que j’attends.
—————————————
Digressions brésiliennes.
Autant qu’il me souvienne
Et la clarté s’installe,
Et les ombres reviennent,
Moment paradoxal.
La lumière renait,
De son éclat m’enferme.
Aveugle, j’attendrai
Que l’obscurité germe
Pour saisir le mystère
Des amours tourmentés
Qui ont vécu l’enfer
A peine commencés.
Aveugle, j’attendrai
Que la nuit me dévoile,
Dise, ce que tu es
Dans l’éclat des étoiles :
Le poison et le miel,
Le remède et le mal,
Le sucré et le fiel,
Caressante et brutale.
Et les pas qui m’entrainent
Dans ma fuite et ma ronde,
Vers tes yeux me ramènent
Puisque la terre est ronde.
J'aurais du te dire
Nous oublions souvent les paroles que nous avons prononcées mais jamais celles que nous n’avons pas osées dire.
C’était, il y a longtemps. A cette époque, nos chemins se sont croisés et nos espoirs se sont étreints dans l’ivresse de nos désirs d'évasion Aussi, j’aurais voulu que tu échappes à ce monde que tu fréquentais. Tu y étais presque, mais quelque chose te retenait encore. Des convenances. Des croyances apprises et qui brimaient tes désirs, tes envies. La peur du qu’en dira-t-on.
J’aurais dû te dire : Fais-moi confiance. J’ai déjà passé le pont. Je suis déjà sur l’autre rive. Depuis l’enfance, je me sens différent. C’est ma planche de salut. Viens découvrir le monde que je porte en moi et que je tais. Allez, accroche-toi à moi. Faisons ensemble un bout de chemin. Moi aussi, j’ai besoin de toi.
On va tout révolutionner… Oh ! Non, pas le monde, laissons le monde, mais nos vies. Changeons nos vies, le monde lui, il ne changera jamais. N’aies pas peur d’être différente.
Ecoute moi…
Prends le premier bateau
Une barque, un radeau
Si tu veux, peu importe
Mais que le vent t’emporte
Défais toi de ta laisse
Amarrées au port, laisse
Laisse ancrées tes croyances
Un vent d’imprévoyance
Du berceau au trépas
Saura guider tes pas
La vie est par moment,
Un récit, un roman
Qu’une cohorte enlace
Pour l’écrire à ta place
Tu auras ta revanche,
Devient la page blanche
Où s’écrit l’existence.
Et entre en résistance.
L’espace de toi-même
Faisant donc un poème.
Tu sais, tout est possible.
En chassant les nuisibles
Qui te cachent la vie,
Qui briment tes envies.
Tu peux tout mettre en scène,
L’obsédant et l’obscène.
Va jusqu’au fond du gouffre.
On est ce que l’on souffre.
N’est peur de tes paroles,
Elles sont la corolle
Des reflets de ton âme,
Le miroir de tes drames,
Riment tes sentiments
Tes amours, tes tourments
Et bercent ta détresse
D’une infinie tendresse.
Aujourd’hui, quand me reviennent des résidus de mon passé, je me dis que les gens que je côtoyais, se comparaient à une norme qu’ils pensaient parfaite et absolue. Leur norme. Et le pire, c’est que non seulement ils vivaient, eux, en fonction de cette norme mais exigeaient que les autres aussi s’y conforment et qu’hypocritement ils foulaient aux pieds quand cela les arrangeaient.
Toi, tu n’étais pas rebelle, plutôt conformiste, tu acceptais la norme, tu te coulais dedans même si tu t’y sentais à l’étroit. Si tu ne ressemblais pas totalement à ceux que tu fréquentais, tu cherchais malgré tout à t’identifier à eux. Je t’idéalisais peut-être. Mais, moi, j’avais le sentiment que, toi, tu valais mieux que ça.
Tu vois bien :
Ils t’opposent leurs normes,
T’imposent leur morale,
Leur pensée uniforme,
Leur discours doctoral.
Et de leurs préjugés,
Ils font philosophie.
Tout est vite jugé
Mais cela leur suffit.
Et ce douillet confort
De l’esprit, les rassure.
Ils se sentent si forts.
Ils se sentent si sûrs.
Ils sont si bien entre eux,
Abeilles de la ruche,
Et ils sont si nombreux
A imiter l’autruche
Comme au rocher, la moule,
Accrochés à leurs peurs,
Se coulant dans le moule,
Sombrant dans la torpeur.
L’humour velléitaire,
Sans saveur, sans outrance,
Comme un strict nécessaire,
Bien pesé, bien pensance.
Propos aseptisés,
Paroles contenues,
Vérités étouffées,
Un discours convenu.
N’éprouvant pas le doute,
Ils n’ont que certitudes
Et tout ce qu’ils redoutent,
Perdre leurs habitudes.
De manière atonique,
Ils pensent comme ils baisent
Pensée hygiénique.
Désirs par parenthèse
Ils n’ont point de folie
Leurs envies sont austères,
Sans fureur, sans magie,
Sans excès, sans mystère.
De pulsions pudiques,
En émois convenables
Des élans méthodiques
Passions raisonnables
Ne connaissent le monde
Qu’au travers des images.
Jamais ne les inonde
La fièvre du voyage.
Ignorent ces errances
Des esprits tourmentés,
Et de ces fulgurances
Qui les font exister
L’inconnu les effraie.
Ils fuient l’imaginaire,
Ils ne font pas les frais
De l’extraordinaire
La peur de s’égarer,
Les a cloués au sol.
Ils sont désemparés
S’ils n’ont maitre ou boussole.
Ils sont ancrés à droite
Ou à gauche. Soumis,
Enfermés dans la boite
D’un crédo bien appris.
Ils n’ont pour horizon
Qu’un futur résigné.
En somme, la prison
Qu’on leur a assigné.
Alors dans le clair-obscur de mes rêves, je me disais, je te disais : Toi que je connais à peine… Toi, que je cherchais et que j’ai reconnu sans t’avoir jamais vu. Toi, que je regarde te gaspiller au milieu de ce monde. Toi qui est attirée par tout ce qui brille. Toi qui te perds dans des élans superficiels. Toi qui te noies dans leurs discours insipides.
Alors, toi. Oui, toi :
Hurle, pleure ou écris
A force d’insolence
Qu’on entende ton cri
Jusque dans tes silences.
Tire ta révérence
A leur hypocrisie
Et par l’irrévérence
Choisit l’apostasie.
Ici, tu te gaspilles
Au milieu de ces gens.
Tes rêves s’éparpillent,
Partir devient urgent.
Le quotidien t’encercle,
Il faut que tu respires.
Soulève le couvercle
Pour échapper au pire.
Tu vas vers le naufrage,
La médiocrité
Si tu vends tes suffrages
A leur normalité.
Tu dois passer le pont.
Tu dois changer de rive.
Le vent dans ton jupon,
Te dit : allez dérives.
Et brise la prison
Qui te retient encore
Et oublie les leçons
A réciter par choeur.
Pense, rêve avec rage,
Leurs idées t’ensommeillent.
Préfère les orages
A leur blême soleil.
Emprunte le chemin
Vers l’acmé du plaisir.
Tiens ! Donne-moi la main.
L’aubaine est à saisir.
Fuit leurs ternes ardeurs,
Tes pulsions éteintes,
Et leurs fades ferveurs,
Et tes mornes étreintes.
Sinistres corps à corps,
Sans chaleur et sans fête
Quand l’ennui du décor
Habille tes défaites.
Viens et vis à ton aise,
Libre en toute licence.
Tu deviendras la braise
Qui enflamme mes sens.
Et moi, moi :
Assoiffé, dans ma course,
D’un rêve inassouvi,
J’irai boire à ta source,
Là où germe la vie.
Et moi, je me suis tu. Voilà ce que je n’ai pas dit. Je n’ai pas eu les mots. Le courage des mots.
Il est trop tard. Trop tard pour parler.
J’aurais dû te dire tout cela bien avant, mais est-ce que tu m’aurais cru, écouté seulement ? Peut-être même que cela t’aurait fait fuir.
Je ne sais si j’aurais pu t’arracher à ce morne passé qui a continué à vivre en toi. Tu étais entre deux mondes, deux histoires, deux rêves, deux attaches.
De n’avoir pas su, pas pu, pas osé, j’en paie le prix aujourd’hui. Voilà, mon cauchemar. Tu es retournée à ces amours d’antan enfouis dans ta mémoire et qui ont pris le gout sucré des aventures nouvelles.
Parfois, dans l’illumination de l’insomnie, je me demande si la nuit va finir, si le jour va revenir. Tu sais, il arrive que la nuit ne finisse pas avec le jour ? Quelques fois, je me demande si le jour n’est pas qu’une parenthèse de la nuit où se glissent nos regrets et qui héberge notre mal de vivre.
Tes quatre voluptés
Ton corps, écartelé
Par tes amours barbares,
Cerne de barbelés
Tes émois de hasard.
Sur ta détresse acide,
Que ton mal-être enclôt,
Ton désir se suicide
A l’aube d’un sanglot.
Espérance incolore,
Entourée de remparts
Et qui ne peut éclore,
Meurtrie de part en part.
Emprise de l’empire
D’un crédo crucifère
Te livre à ses vampires
Aux humeurs mortifères.
———————————
Quand oseras-tu, Quand,
Abattre l’édifice
Et broyer ce carcan,
Chasser ces maléfices.
Que meurent dans les flammes
Tes préjugés frileux,
Toutes tes peurs infâmes
Et tous tes tristes jeux.
Allume l’incendie.
Abroge tes décrets.
Il n’est pas d’interdit
Sinon ceux que tu crées.
Défait toi de toi-même.
Jette tes anciens livres
Compose le poème
De ces mots qui enivrent.
Et que, ta fureur brise
Les barreaux de ta cage,
De ta morale apprise
Amorce le saccage.
—————————————
Le vent s’est répandu
Emportant au passage
Un monde défendu,
Tes pensées les plus sages.
Chassées par la magie
S’écroulent tes idoles.
Voilà que tu rugis,
Danse la farandole.
Ta ferveur se révèle,
Folle danse insoumise,
Espoir de joies nouvelles
Pour la terre promise.
Se dissous ta panique
Au volcan de ton corps.
Planète tectonique !
Brûle la lave encore.
Tes regards, tes silences
Appellent de tes voeux
Ce refrain qui s’élance
Comme un puissant aveu.
————————————-
Et ta peur cessera.
Nous flotterons hors sol.
Et le plaisir sera.
Notre unique boussole.
Je ferai sur ton corps
Un périple au long cour
Vers ton ile aux trésors,
Indicible parcours.
Je serai le pirate
Qui recherche ce coffre,
D’un bijoux écarlate
Que la folie lui offre.
Mes carnets de dessins
Croqueront à l’envi,
La rondeur de tes seins,
Les fleurs de tes envies.
L’éclat de tes attraits,
J’en peindrai le contour.
J’esquisserai les traits
De tes moindres atours.
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Un luxe de luxure
Irradie de tes yeux,
Caressant la blessure
D’ou va jaillir le feu.
Un souffle sulfureux.
Paradis en enfer.
Délire langoureux.
Une douce atmosphère.
Dans un embrasement,
Sur le chemin farouche
De mes désirs ardents,
Je guiderai ta bouche.
Coule, coule l’ondée
En un flot d’insolence,
Dans ma bouche inondée
Par ton impatience
Je boirai l’eau de vie,
Là, de ton corps en transe
Quand ta passion vit
Et d’excès et d’outrances
Expulsé de ton antre
La fièvre qui va naitre
De tes yeux à ton ventre
Que le diable pénètre.
Infernal va-et-vient,
Lent, violent, brulant
Qu’un brasier entretient
D’éclairs étincelants.
Satané, satanique,
Sensuel et intime
Retentit le cantique
De ce moment sublime.
Quand le chant de la chair,
Comme l’esprit du vin,
S’élève dans les airs
Pour frôler le divin.
Pureté impudique,
Sans tabou ni tambour.
La mystique musique
Au rythme de l’amour
Plus rien ne te retient.
Te voilà décidée
A accomplir enfin,
Tes quatre voluptés.
Richard Jean Pierre
Mirage ?
Le temps se déroule comme une route sans fin, écrasée de certitudes. Mais, survient le moment où le temps qui passe, avance à reculons et où la route prend un autre visage.
Alors apparaissent les ombres du passé et s’insinue le doute sur la réalité de ce que nous avons vécu comme si par nécessité, nous avions voulu rendre vraisemblable une réalité différente.
Idéale, idéelle.
As-tu bien existé ?
Etais-tu bien réelle ?
Ou bien t’ai-je inventé ?
Sorti de mon esprit
Pour enfin accoucher
D’un délire incompris,
D’un fantasme empêché.
Etais-tu une fable ?
La caresse d’un songe
Chimère vraisemblable
La douceur d’un mensonge
Un miroir, un mirage,
Une esquisse, un projet,
L’ébauche de la page
De mon roman secret.
Dans ma vie comme en rêve,
Folie ou utopie,
Proclamer une trêve
Comme une thérapie.
Pour guérir de l’envie
Du besoin de détruire
Ce que l’on a bâti
Et puis, de toujours fuir.
Fuir ce qui nous attache,
Ce que l’on a semé,
Les larmes que l’on cache.
Avoir peur d’être aimé
Et refuser d’aimer
Tout tenir à distance
Ne pas laisser germer
Une morne existence
Et bruler à coup sur
Ce qu’on a adoré
Et chérir les blessures
Que l’on s’est infligé.
J’eus envie de guérir
De ces pensées funestes.
Autant d’amour mourir
Que mourir de la peste
Illusion, illusoire
Sur mon chemin d’errance,
J’ai cru apercevoir,
Le temps d’un pas de danse,
Une femme de chair,
Une femme de sang,
Pour un coeur en jachère,
Pour un amour absent.
J’ai cru en la magie.
J’avais besoin d’y croire.
Perverse stratégie
Pour passer le miroir
Déraison dérisoire.
L’enchantement passé,
Il m’arrive de croire
Souvent que j’ai rêvé.
Idéale, idéelle.
As-tu bien existé ?
Etais-tu bien réelle ?
Ou bien t’ai-je inventé ?
Et défile la route
Aux troubles paysages.
Sur les affres du doute
Et l’ombre d’un visage.
Non-lieu
Je pense à tous ces trains
Que je n’ai jamais pris,
Espoirs jamais étreints,
Aux chants en vain appris.
A mes désirs contraints,
Délires incompris,
A tous ces quais de gares
Qui sont là à m’attendre.
A ces bonheurs hagards
Ivresses à revendre,
Au feu de ces regards
Qui ont finis en cendre
A tous ces paradis
Qui m’ont été offerts
Que mon âme étourdie
Convertit en enfer
A cette parodie
De ce qu’il fallait faire.
Je pense à ces éclats
Qui n’ont jamais éclos
A ces rires lilas
Expirant en sanglots
A ces jours de gala
Contrefaits et falots
Je pense à cette vie
Qui n’a jamais eu lieu
A ces matins ravis
Finissant pluvieux
Fureurs inassouvies
Fracas silencieux
A quoi ça sert ?
Quelque part dans le temps
Ton esprit vagabonde.
Tes souvenirs inondent
De passé le présent
Comme un caillou dans l’onde.
Tes sentiments exigent
Et ta raison s’y plie.
Ton esprit se remplit
D’un envoutant vertige.
L’absence sans l’oubli !
Ton coeur est au-delà.
A quoi ça sert la haine ?
Ça n’éteint pas la peine
Et mon esprit est las
Et mes pleurs sont bien vaines.
Ta ferveur est ailleurs.
A quoi ça sert les larmes ?
Et mon espoir désarme.
Surgit le fossoyeur
Qui enterre le charme.
J’ai cru à tes serments.
A quoi ça sert l’amour ?
A rien, c’est sans secours,
Errance d’un moment,
Impossible séjour.
Dans des flocons d’écume,
Se dilue ta présence.
La vie à contre-sens,
Il reste l’amertume
Et mon indifférence.

Des souvenirs jetés un jour comme des bouteilles à la mer et qui revienent sans, peut-être, avoir atteint leur destinataire. Des carnets écrits pour dire que l'on est passé.
