De nulle part
  1. Présentation
  2. Païenne oraison
  3. Penser...
  4. La plage
  5. Délivrance
  6. La mer, etc...
  7. Il était là...

Nous ignorons ce que nous écrivons puisqu'avant de les écrire, les mots n'existaient pas. Ils naissent au fur et à mesure que nous les transcrivons. Etaient-ils en nous à notre insu, enfermés, ne cherchant qu'à se matérialiser ? Ont-ils murri, durant des jours, des années ? Ce sont-ils nourris de nos tourments, de nos joies éphémères, de nos espérances, de notre lente mélancolie, de nos désirs les plus secrets, avant d'arriver au grand jour ?

D'ou viennent-ils ? De nulle part en nous ? 

 

 

Brulant de ta chaleur, 

Je sens monter l’ivresse,

Jaillie de ta moiteur,

Inondée de promesses.

Un flot d’effusions

Où voguent nos étreintes, 

Nos corps en fusion

D’où s’envolent les plaintes

 

Le plaisir est souffrance,

Brulant, sans retenu,

Coloré d’indécence

De nos sens mis à nu.

Enflammés et sauvages 

Délire sensuel,

Un fatal esclavage,

Si tendrement cruel,

Répudie la pudeur,

Que nos élans ravagent,

De folies en fureur.

Improbable voyage !

 

Par ta bouche échancrée,

Mon ardeur se ressource,

Explore la contrée

Où ruisselle ta source,

Où se lève la houle, 

Où se répand la sève,

Où la fièvre s’écoule.

Là où naissent mes rêves.

 

Ta peau, saveur du sel

Que la vague dépose,

Eternel rituel, 

Sur ta plage où éclosent,

Tendres perversions,

Parfums intemporels,

Troubles sensations,

Un chant universel.

La païenne oraison,

De nos ardents soupirs,

N’a pas d’autre raison :

Consommer le désir.

 

Dans ta prison humide,

Protégée par des ronces,

Je suis au bord du vide

Quand ma folie renonce.

Mon bateau fait naufrage

Dans un flot onctueux

Quand se tourne la page 

Du livre langoureux.

Que je lis et relis

Que je relis sans cesse

Dans le creux de ton lit.

Ma foi ! Je le confesse.

Jean Pierre Richardretourhp

Une pensée devrait toujours être dérangeante pour soi ou pour les autres. Une pensée qui n’est pas dérangeante n’est pas une pensée, mais une simple gesticulation de l’esprit.

Penser vient de la racine latine "pensare " qui a donné également le verbe peser. Penser, c'est peser le pour et le contre. Parfois la balance penche d'un coté, parfois de l'autre. Il faut accueillir les pensées pour le meilleur ou pour le pire. Il faut s’en saisir sans craindre de se bruler. Même si l’on se brule. Et puis, on peut bien rencontrer une femme ou un homme, c’est selon, éprouver du désir sans forcément faire l’amour avec.

Penser : 

Je te dis que penser,

C’est penser l’impensable,

Rêves inavoués,

Fantasmes inavouables.

C’est accepter le pour,

Lui opposer le contre,

Voir la nuit en plein jour

Douter de ce qu’ils montrent

Perdre ses certitudes

Quand les preuves s’allongent

Quand le réel dénude

Tous les anciens mensonges.

C’est aimer le printemps

Son endroit, son envers

Et puis le jour suivant

Lui préférer l’hiver.

Penser c’est voyager

Aux confins du délire.

C’est se mettre en danger

C’est savoir se salir.

Penser est aventure

Risques de s’égarer

Découvrir la nature

D’incertaines contrées.

C’est penser sans censure

Contre vents et marées,

C’est fuir la dictature

D’idées pré-fabriquées

Ne pas voir un seul camp

Mots d’ordre indiscutables

Refuser le carcan

D’idées indépassables

Ce n’est pas s’enfermer

Dans la pensée unique.

Mais c’est laisser germer

L’éclat d’esprit critique.

Penser, remplir l’espace

D’idées qui sont les nôtres.

Mais savoir laisser place

A la pensée des autres.

Avec convictions

Sans les voir immuables,

Changer d’opinion

Devant l’incontestable.

Penser, c’est la débauche

D’idées contradictoires.

Parfois même l’ébauche

D’une nouvelle histoire.

Penser, moment sauvage,

Croyances ravagées,

Change le paysage,

Change le passager.

Penser, c’est croire en Dieu,

A son oeuvre, à ses saints,

Puis maudire les cieux

De propos assassins.

Crier la vérité

Sans craindre l’anathème,

Savoir se résigner

A perdre ceux qu’on aime.

Penser sans catéchisme

Sans idéologie

Et préférer le schisme

A toutes liturgies. 

Sans tabou ni totem

Dire ce que l’on voit

Sans craindre le blasphème 

Ne pas baisser la voix

Alors, tu connaitras

Ces contrées désertées

Où tu rencontreras

La grande liberté.

Si tu ne sais te taire,

Tu seras diffamé.

Tu iras solitaire,

Assoiffé, affamé.

 

Parfois sur des décombres

Au hasard du chemin,

Un esprit ou une ombre

Te prendra par la main.

Amitiés éphémères 

Dont tu garderas trace.

Ce sont les plus sincères

Et jamais ne s’effacent.

Jean Pierre Richardretourhp

La plage est insouciante, bercée par un chant égaré sur les dunes. Elle ne sait rien de la tempête qui s’annonce. Elle ne se doute pas que ces mêmes vagues qui lui jurent leur amour à chaque marée vont bientôt la fracasser.
L'horizon s’assombrit, mais la plage ne voit que la tendresse des flots et prend le tonnerre qui gronde au loin pour une simple musique, le ciel qui noircit pour un jeu de lumière.

La tempête passée, la plage aura tout oublié de ce qui l’a brisé. Sitôt le calme revenu, son souvenir s’estompera dans son inconsciente minéralité. Elle reprendra sa vie paisible, se réchauffant au soleil ou accueillant la pluie bienfaisante.

De notre mémoire ne s’efface pas la trace des tempêtes qui nous ont ravagé. La plage ne retient des vagues que les tendres baisers de leur incessant va-et-vient. Nous n’avons pas l’innocence de la plage.

Je marche, je regarde, je m’imprègne de ce que je vois, de ce que j’entends, de ce que je ressens, la pluie comme le soleil, le froid comme la chaleur. Tous ces éléments viennent se mélanger à mes pensées les plus intimes, les plus secrètes.

J’accepte cette nature où je rencontre ma propre nature lorsque craque le vernis policé des conventions hypocrites. Je voudrais n'être que la plage insouciante bercée par ce chant égaré, ne rien connaitre des tempêtes passées ou de celles qui s’annoncent.

J’aspire à n’être qu’un grain de sable, qu’une vague déposant son écume à la manière d’un baiser volé. De la mer, je ne voudrais percevoir que bleu infini et ne plus rien savoir de ses flots menaçants, que le vent ne me soit plus qu’une caresse, la pluie un murmure rafraichissant.

Je ne sais s’il faut abandonner la mémoire des hommes ou abandonner les hommes à leur mémoire. Mais je sais que  je vais conserver  les moments de simples bonheurs et la douce étreinte d’anciennes souffrances. 

Jean Pierre Richardretourhp

Révolte, voici mes larmes, voici mes pleurs.

Délivre moi du bien, poète, je t’implore.

Tu connus l’opprobre et l’humiliation,

Fais moi partager tes illuminations.

Et pour la liberté et par la solitude,

J’ai arraché de moi leurs pales certitudes,

Idées biens pensantes qui partout prolifèrent.

Et je partis pour une saison en enfer.

Rêveur impénitent allongé sur la berge,

Je cherchais l’étoile que la folie héberge.

Ivre de l’errance, le bateau que je pris,

Dériva sur les désordres de mon esprit.

Plongeons dans l’inconscient, nuit originelle,

Utopie, hors du temps, émotion charnel,

Vision d’un visage, tourments affectifs,

Transport dans l’abime des élans primitifs

Fantôme d’Ophélie traversant sa romance,

Berçant sa passion d’un parfum de démence.

Vomissant les relents de leurs pensées funèbres,

Survint la lumière, déchirant mes ténèbres.

Je me suis délivré de ce qui asservie,

J’avais quinze ans pas plus, tu m’as sauvé la vie.

Tu m’as donné le souffle, tu m’as pris la main.

Tu m’as aidé à vivre au moins jusqu’à demain.

Je n’étais pas comme eux, je n’étais pas commun.

Ils étaient si nombreux et moi je n’étais qu’un.

Et si j’ai malgré moi du entrer dans la danse,

J’ai malgré tout vécu en gardant ma cadence.

Ma jeunesse est passée. Ton empreinte est restée.

Je suis toujours pareil, je peux en attester.

Je pense avec doute mais toujours sans censure

Quelque soit le propos, quelque soit la blessure. 

La révolte renait, soubresaut de la chair

Que la pensée anime, ultimes surenchères.

Jean Pierre Richardretourhp

La mer, l’amour, la mort.

Sonorité étrange,

Tel romance et remord,

Murmure qui dérange.

Camaïeu déroutant, 

Jonglerie des voyelles,

Un refrain envoutant

Nuances d’arc-en-ciel

Redoutable est la mer.

Flottent mes souvenirs.

Si l’amour est amer,

La mort est avenir.

Roulant comme un grand rire,

La mer m’emportera.

L’amour m’a fait souffrir.

La mort me guérira.

Jean Pierre Richard

 

Dans les rues angoissées de la nuit. Par les chemins de solitude, dans le vent qui éparpille tout, dans la chaleur épaisse où se traine l’ennui, dans le froid glaçant des jours monotones.

Derrière chaque mot

C’est de toi que je parle.

Derrière ma mélancolie

C’est toi qui apparais.

Dans le plus banal refrain

C’est ta voix qui chante.

Par chaque geste

Ce sont tes mains qui me frôlent.

Derrière chaque désir

C’est ton corps qui respire.

Par chaque sanglot, chaque cri

C’est pour toi que j’écris.

Derrière chaque couleur

Ce sont tes yeux que je vois.

Dans chaque regard qui danse

C’est à toi que je pense.

Toi, que je ne connaissais pas, mais que j’imaginais dans les délires de mes songes, dans mes larmes, dans mes rires, dans mes ivresses.

A force de tant de ténèbres, de tant de désespérance, dans ma nuit, je t’ai aperçu. Sans jamais t’avoir vu, je t’ai reconnu.

Tu venais de sortir de la caverne des bas-fonds de mon âme où se meuvent l’impensé et l’impensable, nourris de rêves insensés, de folles espérances et d’espoirs déçus, de sentiments secrets, innomés et innommables.

Au hasard d’un regard, tu m’as souri, troublante. Je t’ai souri, troublé.

Existais-tu vraiment ou venais-tu d'éclore de mon imaginaire, tendre accouchement d’années d’espoirs amers. Idéelle, idéale. Etais-tu réelle ? Etais-tu une autre ?

Mais rien n’était comme prévu. Au milieu du vacarme, des bavardages insipides, tu te gaspillais, noyée par les propos anesthésiants, que tu écoutais, enfermées dans tes croyances apprises, encombrantes et poussiéreuses.

J’ai senti qu’il fallait briser les murs de cette prison. Il fallait t’affranchir de leur médiocrité où s’engluaient tes espoirs.

Nos attentes se sont frôlées. Nos rêves se sont étreints. Indécente intimité de nosfantasmes souterrains. 

Tu te montrais délurée. Tu étais fragile et naïve. Tu me révélais que je pouvais aimer sans craindre de m'attacher. Tu as été une éclaircie dans ma vie avant que l’horizon ne s’obscurcisse.

La passion, le passé cachent des regrets enfouis. Peut-être que déjà dans le premier instant, ce moment primitif et furtif qui nous échappe lorsqu’il se produit, se trouve la malédiction, le malentendu, la faille.

Qu’est-ce qui se cachait dans tes regards, derrière tes larmes, tes joies, tes excès de tendresse, tes accès de colère ? 

Tes sentiments, que je croyais connaitre, étaient un mirage qui s’est dissipé, une authentique contrefaçon, un décor de théâtre que l’on démonte après le spectacle.

Ta bouche avait alors la douceur infernale que procure le miel du mensonge, déjà prête à distiller le poison.

Qui se terrait, en embuscade, prêt à surgir. A pénétrer par effraction.

Une même force t’attirait vers moi et te rattachait à lui. Une force invisible, irrépressible qui inconsciemment nous relie aux êtres au-delà de l’espace et du temps.

Il était là,

Dans ce désert de sable blanc,

Dans ce ruisseau, ce fleuve bouillonnant,

Dans chaque orage, chaque éclair,

Dans chaque couleur, chaque reflet, chaque rayon de soleil, 

Dans chaque nuit, dans l’obscurité,

Dans chaque plaine, chaque montagne,

Dans chaque arbre, chaque pierre, 

Sous la pluie, dans la chaleur, dans la tempête,

Dans chaque flocon de neige,

Sur les océans et sur le sable doré des plages, 

Sur chaque vague, dans chaque marée,

Sur les chemins capricieux, 

Dans les villes tumultueuses,

Dans chaque rue, au milieu de la foule,

Dans chaque passant, chaque rencontre,

Dans le silence et la fureur,

Dans chacun de tes rires, dans chacune de tes larmes,

Dans tes caresses, dans tes colères,

Dans tes sourires, dans tes angoisses,

Dans tes joies et tes tourments,

Dans tes cris d’amour, dans tes soupirs,

Dans tout ce qui palpite, dans tout ce qui scintille,

Dans tes yeux qui pétillent,

Dans ton sommeil, dans tes rêves éveillés,

Sur le bout de tes lèvres, dans tes baisers, dans le plaisir consumé,

Dans chaque pensée, chaque doute, dans tes rêves exaltés, 

Dans tes ardeurs, dans ta ferveur,

Dans ta passion.

Dans mes bras.

Il était là.

Jean Pierre Richardretourhp