Un cri du dedans qui se perd à l'infini de soi-même.
La conspiration de l'été
Et l’été conspirait
A créer l'apparence
D’un bonheur à jamais,
Une tendre espérance.
La mer étincelait
Son éclat projetait
Sur la plage et la grève
Tes désirs et tes rêves.
Et l’été a dansé,
Le tempo cadencé
De cette farandole.
Si ton corps en raffole,
Si tes yeux s’émerveillent,
Aveuglés de soleil,
La danse sur le sable
Rythmait les pas du diable.
L’automne est arrivé,
L’amour a dérivé,
A dansé le ballet
Du chagrin, des regrets.
Dans la désespérance
Se brise la romance.
Tout était fiction,
Vent de dérision,
De désirs envolés,
Te laissant esseulée.
Ton espoir passera,
Une autre dansera.
C’est à chacun sa chance.
Ainsi finit la danse.
Les paroles sont belles,
Mais rien n’est éternel.
Il faut que tu déchantes
Pour une autre qui chante.
C’est la fin du refrain,
Tu as chanté en vain.
Un air de trahison
Met fin à la chanson.
Le destin est cynique,
Il te laisse sans arme.
Tu te croyais unique,
Il te reste tes larmes.
La vague a entraîné
Tes espoirs piétinés,
Qui flottent sur l’écume
Et sur ton amertume.
Restent, le gout amer
Que te laisse la mer,
Tes pleurs sur le rivage.
Le destin est sauvage.
Il a brisé ton coeur,
Te laisse la rancoeur,
Une ombre de rancune,
Et puis ton infortune.
Tu n’avais pas songé
Qu’il faut se protéger
Que le malheur arrive.
Tu te donnais naïve.
Tu voyais le futur
Serein et sans armure.
Le poignard a frappé,
Te laissant sidérée.
Et pourtant tu t’accroches.
Malgré tout, les reproches
Jamais n’effaceront
Ni l’air ni la chanson.
Il faut prendre la route,
S’achève ta déroute.
C’est la fin de la fête
Et malgré ta défaite
Toujours, tu espéras.
Toujours, tu garderas
La plaie d’un souvenir
Pour chérir, pour maudire.
Rien qui ne se délie.
Dans ta quête d’oubli,
Le temps fut impuissant
A effacer le temps.
Fallait que tu reviennes
Et ça, quoiqu’il advienne.
Tu étais décidée
Au prix de ta fierté,
Au prix de l’amour-propre,
A supporter l’opprobre.
Même au prix du mensonge,
Il fallait que tu ronges
Tes attaches, car rien,
Non, rien ne te retient.
C’est ton tour de mentir,
Et de faire souffrir,
Qu’importent les dégâts,
Que tu entraineras,
Celui que tu enchantes,
Et qui te trouve aimante,
Qu’importe que l’on t’aime,
Qu’importe le poème,
Qu’importent tes serments,
Viennent les reniements.
Tu connus d’autres joies,
Des amours, des émois.
Tu n’as pas oublié.
Tu es toujours liée.
Tu restes accrochée
Aux folies d’un rocher,
Rêves secrètement
D’un destin différent.
C’est le temps des aveux
Et la mer est en feu
Et ton coeur est en flamme
Quand se dénoue le drame.
S’en fut la mascarade.
Avec l’illusion,
Les serments de façade,
La conspiration.
Les mots s'envolent
La douleur force la parole.
Les mots éclosent puis s’envolent.
On ne contient pas ses émois.
Souffrir est-ce parler de soi,
S’épancher jusqu’à l’indécence
Ou faut-il souffrir en silence ?
Subir et endurer en vain ?
Ecrire et se sauver enfin ?
Faut-il parler, faut-il se taire ?
Est ce vrai que les mots libèrent ?
Que par le verbe l’on guérit ?
Qu’écrire est une thérapie ?
Est-ce vertu ou bien l’enfer ?
J’ai tant à dire alors que faire ?
Même si j’ai le coeur en cendre,
Mes tourments ne sont pas à vendre.
Jean Pierre Richard
Comme un présage
J’ai lu comme un présage
Au travers des orages.
J'ai capté ton secret,
J'ai senti tes regrets,
Perçu cette rupture.
Quand ta vie se fracture,
En deux parts de toi-même,
S’impose le dilemme :
Emprunter le chemin
De l’oubli pour demain
Ou bien rester là-bas,
Reprendre le combat,
Ranimer un passé
Qui ne peut s’effacer.
J’ignorais tes émois
Pour un autre que moi.
Et dans ces retrouvailles,
Montre-moi cette entaille
Où ton chagrin s’engouffre.
Dis-moi de quoi tu souffres ?
L’amour est un mystère
Que la souffrance éclaire.
Il fallait, que je sache,
Que le voile s’arrache,
Se brise le silence,
La vérité s'élance,
Au prix de mes tourments,
De tant d’arrangements,
Où mon esprit s’égare
Quand cèdent les remparts
Et s’insinue le doute
En un lent goutte à goutte.
Quand la plaie s’alimente
Du poison qui l’enfante.
Voilà, le temps s'envole
Et rien ne le console.
Dis-moi pourquoi tu pleures ?
Dis-moi de quoi je meurs ?
Que cherchais-tu ?
Que cherchais-tu là-bas ?
Un visage, un regard
Sur le quai d’une gare ?
Une larme qui roule
Sur ta joue et qui coule
Sur la mélancolie
D’un impossible oubli ?
Parfum de nostalgie,
D’une romance, où git ;
La plaie d’une blessure,
Dont reste la brûlure ?
Besoin de sa présence.
Avoir une autre chance ?
Une voix qui répète
Tes attentes secrètes ?
Envie de représailles,
Reprendre la bataille ?
Et dissiper la brume
Pour chasser l’amertume.
Un geste, un réconfort,
Une excuse, un remord.
Lever l’ombre du doute,
Un espoir pour la route ?
Dans tout ça, qu’aurais-je été ?
Passant qui disparait
Masqué par tes regrets ?
Un présent qui s’efface
Quand tes souvenirs passent ?
L’histoire qu’on regrette,
Un miroir qui reflète
D’un autre le visage ?
L’écume sur la plage
Dont s’envole la mousse
Et que ta main repousse
Comme on chasse l’ennui ?
Une goutte de pluie
Que la brise disperse
A la fin de l’averse ?
Ombre qui s’évapore
Lorsque renait l’aurore ?
A peine une aventure.
Une caricature.
De l’amour.
Ai-je vraiment compté ?
Je n’ai fait que passer.
Dans ta vie, je suppose.
Je fus bien peu de chose.
Jean Pierre Richard
Chanson triste
La chanson que tu fredonnais
Couvait une douce musique
D’une caresse nostalgique,
De paroles qui dessinaient
Une histoire mélancolique.
Refrain d’hier, romance triste,
La chanson que tu fredonnais
De la chanter, tu espérais
Qu’elle ramènerait l’artiste
Qui sans répit te l’inspirait.
Dans les mots de chaque couplet
Refrain d'hier, romance triste
Passion d’un passé qui résiste.
Y revenir tu le voulais
Toujours son souvenir persiste.
La rengaine comme un appât,
Dans les mots de chaque couplet,
T’attirait là, dans son palais
Et s’accrochaient à tous tes pas
Pour danser un ardent ballet.
…………………………………..
Dans les mots de chaque couplet
Passion d’un passé qui résiste
Refrain d’hier, romance triste
La chanson que tu fredonnais
……………………………….
Ne fit pas revenir l’artiste. N’en ramena que l’illusion.
L'amour en secret
Astre éteint, amas d’étoiles, amant d’été,
Endeuillent un présent de regrets endettés,
Echappés d’un passé qui réclame son du.
Toujours là, tu reviens à ce qui a été.
Triste, exode au pays de cet amour perdu.
Le ramener vers toi et ça coute que coute,
Inlassable refrain caché que tu écoutes.
Un mirage soumis, convoque son image,
Sortilège qui luit dans la nuit qui t’envoute,
Dessine son reflet sur un autre visage.
De ces contrées, ton coeur émerge émerveillé
Lorsque tu t’éveilles de ton rêve éveillé,
Où tu plonges comblée pour combler son absence.
Et tes yeux sont rougis quand tu as trop veillé
Pour prendre épanouie la route à contresens.
Accrochée à l’idée comme l’âme au terroir,
Tu ressors la photo du profond d’un tiroir.
Tu le rejoins, ravie, enchantement discret.
Et, passant comme Alice au travers du miroir
Par la pure magie, de l’amour en secret.
Récidive
La chanson est toujours la même,
Elle nous séduit puis se tait.
La chanson est toujours la même,
Elle revient et disparait,
Se fait discrète puis renait.
Rien ne s’efface. Les sentiments, heureux ou malheureux… les instants vécus, les bons, les mauvais. Malgré nous, malgré le temps, tout demeure. On implore l’oubli parfois. Mais chercher l’oubli est un jeu cruel auquel nous ne gagnons jamais. Un passe-temps inutile à faire passer le temps.
La même chanson nous suit inéluctablement. Vient le moment où son refrain nous rattrape. Vivre est la perpétuelle récidive d’un même délit.
La chanson est toujours la même,
Même flonflon, même couplet.
La chanson est toujours la même,
On la maudit, elle nous plait.
On doit la prendre comme elle est.
Entre nous, qu’y-a-t-il ?
L’ombre d’une présence.
Là, comme un corps subtil
Qui s’invite à la danse.
Fantôme évanouit
Qui peuple ta mémoire,
D’une force inouïe
S’accroche à ton histoire.
La chanson est toujours la même,
Echo d’une ancienne rengaine
La chanson est toujours la même,
Qui nous poursuit, qui nous enchaine
Récit d’amour, récit de haine
Lambeaux de souvenirs
D’une plaie toujours vive.
Habillent l’avenir
Ou tes élans dérivent.
Son contour resurgit
Et entre en résistance
Ranimant la magie
D’une ancienne romance.
La chanson est toujours la même,
Elle nous blesse ou elle enchante.
La chanson est toujours la même,
Elle est en nous, elle nous hante,
Elle est tenace et obsédante
Si le présent résiste,
Ton passé l’éclabousse
Tes sentiments persistent
Comme le grain repousse.
Qu'importe les séquelles
Qu'importe l’avanie
Ta ferveur se rebelle
Refusant l’agonie
La chanson est toujours la même,
Toujours, elle impose son air.
La chanson est toujours la même,
A ne pas pouvoir s’en défaire.
Elle présage notre enfer.
En sommeil, ton ardeur
N’a jamais cessé d’être.
Elle guettait son heure
Pour, au grand jour renaitre.
La flamme se ravive
Au milieu de la cendre.
Où les braises survivent
Le feu ne fait qu’attendre.
La chanson est toujours la même,
Elle nous suit sur le chemin.
La chanson est toujours la même,
Elle nous dicte son refrain
Poison sucré, tendre venin.
Mensonges dévoilés
Mensonges dévoilés.
A t’aimer à tue-tête,
Je ne voyais les ombres
Obscures, qui s’entêtent
A peupler les décombres,
Entassés dans ma tête.
A peupler les décombres.
De ces années de fête,
Ces moments d’euphorie
Qui rythment ma défaite.
Triste supercherie
Des amours contrefaites.
Triste supercherie.
De promesses souscrites,
Des rêves, des serments,
Sentiments hypocrites,
Crêve-coeur, si tu mens.
Espérances proscrites.
Crêve-coeur, si tu mens
Réveil, matin blafard,
Sombre champ de ruines
Sans couleur et sans fard,
Un port sous la bruine,
Le marin loin d’un phare.
Un port sous la bruine
Morne, l’aube déverse
Un horizon voilé,
Grisaille d’une averse.
Mensonges dévoilés.
L’avenir qui s’inverse.
Un cri silencieux
Sentiments équivoques.
Survie hypothétique.
Singulier soliloque.
Périples névrotiques.
Désarroi abyssal.
Asphyxie d’étincelles.
Aléa cérébral.
Rupture du réel.
Chronique d'une errance
Egarement pervers.
Dérèglement des sens.
Vision de l’enfer.
Doutes insomniaques.
Certitudes enfuies.
Pensées démoniaques
Fantômes de la nuit.
Malaise sans escale.
Exil en devenir.
Pensées subliminales,
Cauchemars, souvenirs.
Déraisons excentriques.
Obsessions qui croissent.
Malaises électriques.
Voyage dans l’angoisse.
Désespoir carcéral.
Soupçons capricieux.
Tumulte sidéral,
Un cri silencieux !